GERMAIN
BRUYAS
05.02.2018 - 01.04.2018
PRESENTATION
AU DESSUS DU RADIATEUR est fier d’accueillir GERMAIN BRUYAS.
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Chaque projet naît du langage. Notes écrites sur un carnet comme amorces de projets futurs et avant tout, comme désir de ''faire passer'', de transmettre un texte le plus souvent, ou bien l'idée qu'il désigne.
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Performances, vidéos, sculptures, éditions, piéces sonores, ont en commun un aspect immatériel. Des caractéres d'imprimerie en plomb, incrustés dans un muscleur afin que s'imprime temporairement, dans la paume de celui qui l'utilise, le texte Au Commencement la disparition. Créer une plaie (1). D'une certaine façon aussi, marquer un territoire, celui de la parole : territoire aux limites diffuses (2). Par ailleurs, donner à voir le texte intégral d'un nouvelle de Tchekhov ou de Beckett. Interroger l'aspect vain de la transmission qui lui est sous-jacent. Editer l'intégralité des dialogues d'un film, graver des poèmes, des aphorismes dans la pierre... rien n'est manifestement présent, ou au présent. Ce qui est désigné c'est d'une certaine manière un passé ou imprésent, un ailleurs, rapatriés dans l'ici et maintenant de la performance, de l'instant de lecture, de monstration des sculptures ou des vidéos.
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En cela, donner à voir un texte écrit à l'eau, c'est tenter une rencontre avec le spectateur de façon furtive, presque clandestine. Se dessaisir du texte en pariant sur un impact dans la vie du regardeur, aussi minime et provisoire soit-il.
Qui plus est lorsqu'il s'agit comme ici d'un geste posé par procuration, confié au soin du commissaire d'exposition. Tentative et tentation de disparaître au profit d'une émancipation du texte lui-même à travers la performance. Prendre le risque de ne pas exister dans le regard d'autrui dans l'éphémère désir d'effleurer l'attention.
L'installation sonore Histoire d'un ange qui donne son nom à l'exposition s'inscrit parmi les autres pièces de façon introspective. Il en va d'interroger quel est mon rapport avec cette image, une photographie de famille, à la lumière du texte de Benjamin publié en 1942 qui commente la peinture de Paul Klee Angelus Novus, et par là, d'exprimer l'espace de réflexion que j'occupe. A savoir, les préoccupations qui sont les miennes : la transmission, le langage, l'espace littéraire (3) pour reprendre l'expression de Maurice Blanchot, l'éphémère, le pérenne, l'histoire...
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Georges Didi-Huberman, Blancs Soucis, Paris, éd. de Minuit, 2013, p. 31.
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Pour décrire le film de Sarkis Au commencement l'apparition (1997-1998), Georges Didi-Huberman
utilise cette phrase : « Il s'agit [...] de commencer à savoir ce que c'est que produire une
apparition. ». (Op. Cit) Interroger, de même, la disparition.
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Maurice Blanchot, L'espace littéraire (1955), Paris, éd. Gallimard, « Folio essais », 2005
RETROSPECTIVE
PORTRAIT
Germain aime
1. Voyager avec un sac rempli de livres de poésie (à en avoir mal au dos).
2. Prendre le train avec un carnet et un stylo. N'aller nulle part.
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Germain n'aime pas
1. Certains puzzles où toutes les pièces se ressemblent. Enfin.
2. L'opinion unique véhiculée à propos d'un peu tout, par les médias et les institutions culturelles. En partie
SI TU ÉTAIS UNE COULEUR ?
Rouge soie
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SI TU ÉTAIS UN LIEU D'ART ?
L'espace public; Ou un espace traversé par des personnes qui pensent ne rien connaître à l'art.
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SI TU ÉTAIS UNE COLLECTION ?
"D'une voix à l'autre" aux éditions Cheyne. Celle du musée des Beaux arts de Lyon (avec la Danaé du Tintoret) Une collection de sous-verres en liège.
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SI TU ÉTAIS UNE PIÈCE (DANS UNE HABITATION) ?
Un grenier poussiéreux mais bien éclairé (avec des livres et une lucarne).
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SI TU ÉTAIS UN MEDIUM ?
Un voyant?? Sinon, je serais un texte, un mot ou juste une lettre peut-être que ça suffit. À moins que je ne sois que le script du scénario d'un film... À voir.
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BONUS​
SI TU ETAIS UNE OEUVRE LITTERAIRE ?
Un mélange j'imagine, entre les "Élégies de Duino", une nouvelle de Beckett et un psaume de David. J'aimerais bien. Ou simplement: un poème de Paul Celan.